vendredi 30 mai 2014

Le Pèlerinage du "Saint Christ des Miracles"

O Senhor Santo Cristo dos Milagres
O Senhor Santo Cristo dos Milagres


- HISTORIQUE de L’ÉVÉNEMENT :

Baie de Caloura
C'est au XVIè siècle, dans la baie de Caloura, à Val de Cabaços, dans l'île de São Miguel, qu'est fondé par trois jeunes filles dévotes, sœurs d'une même famille, un couvent appelé le "Convento da Nossa Senhora da Conceiçao" près d'une chapelle qui existait déjà. 



Couvent de Caloura
Ecce Homo
A Rome, le Pape Paul III (1534-1549) leur en accorde la bulle de fondation et leur offre une statue du Christ sous les aspects de "L'Ecce Homo" ("Voici l'Homme") : expression utilisée par Ponce Pilate lorsqu'il présente Jésus à la foule, battu et couronné d'épines.
Chapelle de Caloura


Elles ramèneront cette statue à São Miguel.


Nossa Senhora da Esperança
Placée tout d'abord dans une petite chapelle du Couvent de Caloura, endroit désert par excellence et exposé aux incursions pirates, la statue est alors déplacée vers un lieu plus sûr à Ponta Delgada en 1540, dans le Couvent de Notre Dame de l'Espérance, exposée à la vénération des Religieuses.





Sœur Teresa da Anunciada
C'est à travers les visions et les rêves de l'une d'entre elles, près de 2 siècles plus tard, Sœur Teresa da Anunciada, que va lui être dictée la dévotion souhaitée par le Christ à l'encontre de son image. 

Teresa da Anunciada
à Ponta Delgada
En cette année 1713, l'activité sismique dans l'île est très fréquente et de fortes secousses sèment la panique parmi la population. Les Religieuses du Couvent Notre Dame de l'Espérance ont alors l'idée de faire une procession où l'on porterait l'image à travers les rues de la ville. Au cours de cette procession, une secousse très forte fit tomber la statue, restée intacte malgré sa chute. A cet instant précis, toutes les secousses s'arrêtèrent ; le peuple criant "au miracle". Dès lors, la statue prit le nom de Senhor Santo Cristo dos Milagres.

En 1740, deux ans après sa mort, et après enquête diocésaine sur sa vie et ses œuvres, Mère Teresa da Anunciada est proclamée "Vénérable".

L'Ordre des Clarisses a conduit les destinées du Couvent de Ponta Delgada durant 353 ans. Leur succèdent, les Visitandines, puis les sœurs de la Congrégation de Saint Joseph de Cluny qui, une fois parties, elles aussi, seront remplacées par les religieuses de Marie Immaculée.

DÉROULEMENT DES FESTIVITÉS.

Illuminations : 

Pas moins de 160 000 ampoules sont nécessaires pour recouvrir l'ensemble de l'Eglise et parer les quelques rues adjacentes afin qu'elles scintillent chaque soir, durant cette semaine sainte. 






Les tapis de fleurs de la procession :

C'est à la fin des années 1940, que sont apparus les tapis de fleurs tels que nous les connaissons aujourd'hui, composés de branches de Cryptomérias, de Hêtres, d'écorces, de sciures teintées, de fleurs en papier ou naturelles. Suspendus aux balcons, de belles draperies multicolores et bouquets floraux. 

La rue Carvalho Araujo fût la première décorée, selon la tradition déjà instaurée à Furnas, pour gagner dans un mouvement spontané, toutes les autres artères où se déroule la procession.




Dans chaque rue,  riverains et commerçants, aidés d'employés municipaux, unissent leurs efforts à l'élaboration de ces tapis floraux d'environ 2 m de large, disposés au milieu de la chaussée. Pour ce faire, on recourt à des cadres de bois pour assurer la perfection des motifs géométriques composés de différentes variétés de fleurs où prédominent l'azalée, la marguerite, l'arum, la giroflée, le souci des champs et les roses. Mais, face au prix élevé des fleurs et à l'interdiction de les cueillir sur la voie publique, sciures et écorces peintes sont de plus en plus utilisées. Les balcons et fenêtres sont fleuris par des mains de femmes, familles... amis.




- Dévotion et Vénération :

La dévotion et la vénération qu'ont les gens des Açores pour cette statue emblématique,  ainsi que les émigrants des Etats Unis, du Canada et du Brésil compris, ne sont pas feintes. Ces colonies d'exilés célèbrent également dans leurs pays d'adoption les mêmes rites que chez eux.

A plusieurs reprises, des demandes ont été faites à l’Évêque des Açores pour faire voyager la statue par bateau vers la ville de San Francisco ; mais à chaque fois, une grosse tempête empêcha son embarquement : volonté du Seigneur de voir rester son effigie là où elle est ?... 


Autre phénomène cité par plusieurs personnes : le changement que l'on peut constater dans sa physionomie plus ou moins douloureuse selon les années et les événements survenus durant celles-ci... même pour ceux à venir.




- Les pénitents de la place São Francisco :

Face au sanctuaire de l'Espérance, la place São Francisco est le théâtre chaque année des plus grandes fêtes religieuses des Açores, venant après celles de Fatima, dans le district de Santarém, au Portugal. Le "cheminement sur les genoux", lors de la fête du Santo Cristo dos Milagres, en est une des démonstrations. Plus de 150 pénitents venus des 9 îles et d'ailleurs  y effectuent à genoux le tour de la place, environ 400 m, seuls,  s'aidant parfois d'un cierge ou soutenus par le bras d'un proche.
Parmi ces pénitents, cette année, une femme enceinte de 5 mois implorant la santé pour son enfant à naître.
Les motivations sont variées : remerciements après une grâce obtenue, une maladie guérie, une opération réussie, sortir un proche de sa dépendance à la drogue... en bref, des maux et des bienfaits de la vie quotidienne.
Un poste de secours tenu par des personnels de la Croix Rouge aident à soigner les genoux et les pieds ensanglantés de certains.

- La procession :








Avant que ne commence la procession à proprement dite, des représentants des divers corps de métiers et de la sécurité civile défilent devant l'icone. S'y joignent également des groupes de  motards (comme à ("Porcaro"/ Morbihan/Bretagne/France... que nous avons fait souvent). D'autres engins et voitures de collections y paradent également.





Sort enfin la statue de l'"Ecce Homo" menée par un guide de procession et portée sur un brancard par les membres de la confrérie de l'Irmandade, au nombre de 64 (8 équipes de 8 porteurs), mesurant entre 1m75 et 1m80 obligatoirement, (pour éviter tout déséquilibre lors du portage), se relayant tout au long des 4 km d' un circuit de près de 20 rues. La garde d'honneur d'une compagnie militaire basée aux Açores lui présentera les armes, ensuite  saluée d' une salve tirée depuis une corvette de la Marine ancrée dans le port et survolée, au même moment, par un avion des forces aériennes portugaises. Le Vaste cortège s'ébranle alors précédé par des petites filles en habits d'anges, 
suivies d'hommes jeunes et plus vieux en robes de confréries, Représentants de l'Etat et de la Société Civile et Religieuse des Açores etc... dont les Romeiros, Pélerins de l'île de São Miguel. Se succéderont ensuite quelques 23 groupes philharmoniques et une multitude d'autres personnes qui, spontanément, viendront grossir la procession tout au long de son trajet.
Romeiros de São Miguel


Tous se souviennent ici d'une des plus grandes manifestations de foi, en la personne de ce militaire rescapé de la Guerre Coloniale Portugaise (portée en Angola, en Guinée-Bisau et au Mozambique de 1961 à 1974), qui fit deux années consécutives la procession à genoux, remerciant ainsi le Christ des Miracles de l'avoir épargné.


4 heures de prières ferventes se terminant enfin par une messe, célébrée par un Évêque (cette année celui de Porto)...harangues et litanies habituelles en ces temps de crise. 
A noter que ces fêtes sont toujours célébrées autour du 5è dimanche après Pâques, avant l’Ascension.

- L'ornementation de la statue :
Cliquez sur le titre ci-dessous pour accéder aux photos internet

O Senhor Santo Cristo dos Milagres
 O Senhor Santo Cristo 

Mère Teresa da Anunciada la voulait richement parée. Bijoux et vêtements proviennent principalement de diverses offrandes faites en partie par des gens de la noblesse, mais aussi grâce à des dons et quêtes.

C'est ainsi que le Comte Dom José II, 12è Capitaine du Donataire de São Miguel et sa femme Dona Margarida Tomasia allaient offrir, après la mort de la Mère Teresa da Anunciada, la couronne d'épines en or, le sceptre et l'épingle de perles ainsi que d'autres pierres précieuses parmi lesquelles topazes et émeraudes. Le bijou de la main vient du couvent de São João de Faial, offert par une noble dame de la ville : ce sont des émeraudes et des rubis.




Resplendor  (Auréole)
De même qu'un hymne composé en son honneur est joué tous les ans depuis 1870.

En ce qui concerne le "Resplendor",  selon un article de l'Açoriana Oriental et d'une pétition en cours...
(article du 29 mai 2014)
Le "Resplendor" devrait être présenté prochainement au Musée des Arts Antiques de Lisbonne, lors de  l'exposition "Splendeur et Gloire",  avec 5 autres pièces de qualité appartenant au patrimoine culturel portugais.
Sa réalisation serait attribuée à Ambrosio Gottlieb Pollet, joaillier du roi Jean VI du Portugal (1767-1826).
Le but de sa présentation au grand public serait, d'une part, de le faire connaître, et d'autre part de procéder à une restauration nécessaire, ce dernier ayant déjà perdu un certain nombre d'éléments.
Rappelons qu'il fût créé suite à une multitude de dons.

La polémique :
- pour le Comité d'Administration de la Confrérie  Irmandade qui refuse son transfert à Lisbonne, il serait préférable que les travaux de restauration aient lieu sur place, considérant l'importance patrimoniale açorienne de l'objet.
Une pétition est en cours, ayant déjà recueilli quelques mille signatures.
L’Évêque d'Angra devra statuer prochainement, accordant ou non l'autorisation du déplacement du "Resplendor".




"La belle Image renaissance du Seigneur Jésus Christ est ainsi le centre de tout mouvement religieux qui va marquer pendant des siècles une part importante de la manière d'être des Açoréens : toujours crédules et réunis autour d'une Idée Supérieure".(sic)
Mr. Carlos Melo Bento.

Sources :
Mr Carlos Melo Bento
L'abbé Alphonse Rocha
Christian Rudel
L'Açoriana Oriental (journal)


Texte rédigé par Esop
Mise en page et photos May