
Ces zones, dites de "passage", avaient été provoquées par des effondrements colossaux d'origine tellurique, exposées d'un côté à l'attaque constante des vagues, de l'autre à la chute périodique d'éboulis.
pour certains, dangereux.
Pour d'autres, vivre sur la "terre ferme" l'était tout autant.
Qui n'appartenait pas à cette oligarchie en était exclu et pouvait difficilement y entrer.
A cette époque, cette forme de servage largement répandu était profitable à certains.
Pour les moins chanceux, il fallait faire preuve de qualités physiques ou intellectuelles pour y échapper et accéder ainsi "au Royaume des Elus".
Outre la question du régime, se posait celle de la démographie (la population et les ressources croissant à des vitesses diverses).
La population augmentait de façon géométrique, celle des ressources alimentaires de manière arithmétique. Sur l'ensemble du territoire, au fil du temps, les ressources devenaient insuffisantes. Seule échappatoire : diminuer la population.
Mais le sort de ces "déshérités" n'était pas lié au régime ni à la démographie, mais à celui d'un système économique. En effet, les changements de propriétaires étaient choses rares. Ceux qui détenaient des privilèges patrimoniaux ambitionnaient de les accroître créant des fermages aux conditions de leur bon vouloir sur leurs terres seigneuriales et productives selon la zone. Celui qui instaurait ce fermage le faisait en connaissance de cause du fait de son statut royal, princier, ducal, d’évêque, capitaine donataire, droit d’aînesse ou autre privilège.
Plus ils s'attribuaient de fermages, mieux c'était ; pour accroître leurs rentes, il fallait augmenter la production. Mais comme la population augmentait plus que cette dernière, on en demandait toujours plus aux "bannis de la terre".
Dans ces circonstances, entre pénurie de "terre ferme" et l'autonomie d'une vie sur une Fajã, beaucoup optèrent pour cette solution.
Au prix de lourds efforts, ces démunis en firent des endroits productifs et habitables. Cet isolement leur donnant une certaine liberté et de l'espoir ; espoir d'être récompensés au delà du minimum vital.
Ainsi naquirent les Fajãs, principalement à São Miguel.
C'est le cas de la Fajã do Araújo à l’extrême Est de l'île (Lombo Gordo).
Des masures en pierres y furent construites. Durant des siècles elles ont été un sanctuaire, entre le ciel et la terre où il fallait sans cesse se battre pour survivre.
Dans une Fajã, comme celle de Ribeira Quente, la vie se déroulait calmement, sous la menace toutefois des éboulements et des furies de l'Océan.

Il s'est trouvé là un noyau d'hommes et de femmes capables d'apprendre et de cohabiter avec des aventuriers et assaillants.
On savait peu de leur vie et on n'allait pas y réclamer la dîme. C'était une terre inconnue entre Nordeste et Povoção régie par ses propres règles, manquant de choses l'hiver, abondantes l'été. L'enfance y était heureuse comme partout ailleurs.
La vie s'y déroulait comme au Moyen Age jusqu'à la construction des premières routes.
La route côtière vers 1860, puis celle de la Tronqueira vers 1915-1920, avec l'apparition des premières voitures.
Dès lors commencèrent l'exploitation de la vigne et le commerce du vin. La Fajã devenant progressivement le lieu de villégiature de grands propriétaires.
Jusqu'en 2007, on accédait à la Fajã do Araújo par un raccourci au départ de Pedreira (devenu depuis un sentier de randonnée), plus tard la Municipalité y construisit un accès routier qui descend par la Ribeira da Tosquiada.
Texte traduit par Esop, à partir d'un article paru dans la presse açoréenne.
(Photos personnelles de May).
Fajã Rocha da Relva (rando faite en 2014)
A proximité de Ponta Delgada, l'unique voie d'accès à cette Fajã se fait par un sentier pédestre emprunté aussi par ses habitants. Aucune autre possibilité ! Quelques ânes servent au transport du ravitaillement, notamment pour les bouteilles de gaz ou autres matériaux lourds.
Fajã do Calhau

Anciennement, on pouvait y accéder par un chemin empierré entre falaise et mer, mais suite à un énorme éboulement, ce chemin a été fermé à la circulation.
Il existe désormais une route en béton qui part d'Agua Retorta (très périlleuse, pentue et souvent jonchée de pierres et d'éboulis provenant de la falaise !).
De nos jours les maisons des Fajãs sont souvent utilisées le weekend ou durant les vacances par les açoriens, voire achetées par des étrangers qui les rénovent.
Mais pour l'électricité, ils doivent avoir recours à des générateurs ou des panneaux solaires.
L'eau peut être courante ou acheminée par des camions citernes et déversée dans une réserve reliée au hameau.
Des sentiers de randonnées mènent à ces Fajãs où l'on peut découvrir de jolies petites maisons à l'aspect très accueillant !
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